Dominant la grande rocaille, les cheveux au vent, elle m'avait fait de l'oeil lorsque je l'ai vue pour la première fois à Berchigranges. Jamais je n'avais vu de graminées avec des arêtes aussi longues et gracieuses.
Inutile de dire que lorsque je l'ai croisée sur le catalogue de Monique, je n'ai pas hésité une seconde et la belle a fait son entrée au jardin. Il a fallu que j'attende trois ans pour obtenir un résultat qui commence à avoir de l'allure.
Son feuillage fin vert bleuté la rend très discrète onze mois sur douze. En revanche, dès la mi-juillet, de longues tiges s'étirent interminables épillets apparaissent. Souples et soyeuses, les arêtes dansent et se contorsionnent au moindre souffle de vent.
La floraison, trop brève à mon goût, s'étale sur un mois. Cette année, les bourrasques de vent de ces quinze derniers jours l'ont encore écourtée et les graines que je voulais récolter se sont dispersées dans le jardin m'obligeant à une chasse au ras du sol.
Habituellement je coupe les tiges une fois les semences envolées. Grâce à l'abattage du gros mélèze, le soleil matinal les éclaire joliment ; elles resteront donc en place jusqu'à ce que la molinie 'Transparent' voisine éclipse sa blondeur.
Pour la multiplication, rien de plus simple. Dès que les semences se détachent, il suffit de les enfoncer légèrement à leur place définitive en les espaçant de quelques centimètres.
Il est d'ailleurs amusant d'observer comment la longue tige se vrille pour "se visser" d'elle-même en terre.
semence tout juste détachée
semence 1 h plus tard
Bien évidemment, ne pas oublier de marquer l'emplacement car rien ne ressemble plus à une herbe indésirable qu'une graminée. Mais que noter sur l'étiquette ? Stipe admirable ou stipa pulcherrima. Les graines germeront au printemps suivant et fleuriront deux à trois ans plus tard.