Une pauvre rime, mais une rime dont je me passerais bien !
Depuis quelques années déjà, ces ravageurs à la livrée vermillon m'ont fait abandonner la culture des lys et me priver du parfum entêtant du virginal lilium candidum.
Je ne comprends donc absolument pas ce qui a pu me passer par la tête un beau matin de la fin du mois de mai pour que je laisse deux individus tout à leur plaisir au beau milieu de la touffe de fritillaires pintade ! Mieux, j'ai même fixé sur la pellicule leurs ébats indécents.
Et je les ai oubliés.
Grave erreur ! Le ver était dans le fruit ... plus précisément, les oeufs étaient pondus et les larves naissaient et grossissaient.
Trois semaines plus tard, en apercevant des feuilles méchamment grignotées, je me suis souvenue et j'ai inspecté le revers des feuilles abîmées. Elles étaient là et bien là les sal'tés de fausses crottes !
Sous ce répugnant camouflage, les larves voraces engloutissaient sans vergogne et en toute impunité les fines feuilles de mes pauvres fritillaria meleagris. Elles auraient tôt fait de me les déshabiller totalement.
Aussitôt vues, aussitôt vaincues ... et pas paix à leurs âmes !
Un point positif toutefois : la floraison de ces fritillaires, plus précoce que celle des lys de la Madone, n'a pas eu le temps d'être réduite à néant par l'appétit féroce des larves. Cela ne m'autorise pas pour autant à une vigilance amoindrie.
Un rapprochement avec des plantes compagnes au fort parfum répulsif est sensé repousser les indésirables. Bernique !
En son temps, le joli mariage d'une absinthe (arthemisum absintium) et d'un lys de la Madone n'a jamais eu les effets escomptés et mon pauvre lys n'a fleuri et embaumé que le temps d'un charmant et nostalgique souvenir.
Du marc de café répandu au pied serait répulsif, je ne risque rien d'essayer mais n'y crois guère non plus.
Une chose est certaine : je ne les laisserai m'impressionner et ne me priverai pas de la culture de ces belles fritillaires.