Pour l'oseille, je n'ai rien dit ; tes portraits volés sont tellement jolis. De plus, il y avait abondance en la matière et j'étais tellement soulagée que tu n'aies pas mis ton nez dans les jolies salades en devenir.
Pour l'azalée que toi ou tes comparses me taillez scrupuleusement chaque année avant floraison, j'accepte à la rigueur. De toute façon, je n'ai pas le choix. Mais je t'avoue que j'ai quand même grincé des dents lorsque j'ai retrouvé une belle viscosa abaissée de 30 centimètres.
Mais là, non, non et non ! Tu as dépassé les bornes des limites mon petit Bayard !
Me grignoter les fleurs d'Arnold Promise' sournoisement, nuit après nuit dans le secret espoir que je ne m'apercevrais de rien ... là, tu te moques de moi !
Tu es peut-être gourmand mais tu n'es pas très malin. En laissant une branche fleurie et en déshabillant les autres, tu croyais peut-être que ton forfait passerait inaperçu ?
Seraient-ce les effluves délicatement citronnées qui ont guidé tes pas jusqu'au pied de mon joli noisetier de sorcière ?
Inutile de secouer la tête et de nier, tes sabots ont laissé de profondes empreintes dans la terre détrempée.
Ne souhaitant pas mourir idiote et voulant partager ton plaisir gustatif, je me suis risquée à suçoter une fleur. J'espère que tu sauras appécier mon sens du partage.
Mais quelle déception ! Pas le moindre petit goût citronné. En revanche, une légère amertume et un côté vaguement piquant, persistant en bouche et qui m'a laissé la langue râpeuse durant quelque temps.
Tes derniers repas au jardin me laissent à penser que tu aimes ce qui a du corps en bouche. Mon palais étant plus délicat, je te le dis tout net mon ami, tu ne me convieras pas à ta table. Alors en contrepartie, si tu pouvais ne pas t'inviter à la mienne et me laisser le spectacle lumineux de mon arbuste en fleurs, cela me ferait extrêmement plaisir.